Niveau spoiler: 2/5
Ses rôles lui collent à la peau. |
Tatiana Maslany, actrice(s) principale(s) de la série phénomène de la BBC America Orphan Black, est une tête à coiffer, attendant sagement qu'on la transforme selon les bons vouloirs d'un scénario génétiquement modifié. On la maquille, on l'habille, on l'affuble de perruques allant de la plus réaliste à la plus extravertie, et la voilà prête à jouer Sarah, Alison, Katja, Beth, Helena, Cosima, Rachel, Krystal, et Tony, des clones tous dispersés aux quatre coins du monde. Mais tout d'abord, Orphan Black, ça parle de quoi ? De génétique. Beaucoup. Mais vous l'aurez compris, je ne suis pas là pour parler ni du scénario, qui reste assez flou sur la motivation des différents protagonistes, ni de la mise en scène qui est plus que correcte. La raison principale pour laquelle il faut voir cette série, c'est bien elle: Tatiana Maslany. Tous ceux qui l'ont vu sont d'accord sur un point: sa performance est extraordinaire. C'est pour cela que ceux qui n'ont pas encore regardé la série, je ne peux que vous la conseiller avant de lire cet article. Sinon ne vous inquiétez pas, je spoile légèrement les premiers épisodes et quelques intrigues de la suite, mais rien de crucial du genre "un tel a tué un tel".
Tatiana Maslany a du talent, certes, mais elle est aussi beaucoup aidée. L'actrice le dit elle-même: tout le travail de maquillage et de costume en amont l'aide à se mettre dans leur peau, à retrouver les petits tics qu'elle a créés. Et s'il y a bien une série dans laquelle on se rend bien compte de l'importance de ce travail, c'est bien celle-ci. Car l'un des enjeux majeurs durant la production a été de créer des clones bien distincts tout en conservant un lien quasi familial entre eux. De plus, cela a permis de poser des bases solides afin que le spectateur comprenne en un clin d’œil l'origine et le contexte dans lequel chacun a évolué avant le début de l'histoire. On pourrait donc voir Orphan Black comme une mise en abyme du travail de l'acteur: comment ce dernier arrive à traduire les caractéristiques socio-culturelles en gestes, accents, postures à partir d'éléments extérieurs et ainsi jouer avec ces codes. Mais la série ne s'arrête pas là puisque certains clones vont être amenés, au fil des saisons, à incarner d'autres clones...
Voici donc quelques éléments que j'ai pu remarquer chez les clones principaux: Sarah Manning, Alison Hendrix, Cosima Niehaus, Helena, et Rachel Duncan.
Sarah - la mère badass - est celle par laquelle l'histoire commence. Elle est sur le quai d'une gare et assiste, impuissante, au suicide de Beth, qui lui ressemble étrangement. Ça restera le seul moment où on verra Beth en dehors des films personnels sur lesquels Sarah tombera plus tard ou autres flashbacks. Sarah est une escroc, d'origine anglaise, revenant après un an d'absence au Canada, pour revoir sa mère et son frère adoptifs, Mrs S. et Felix, ainsi que Kira, sa fille biologique. Au premier abord, on la catalogue comme quelqu'un d'impulsif, qui fuit ses responsabilités et qui ne s'est pas intégré socialement. Bref, elle a toute la panoplie de la fille de banlieue, punk sur les bords, qui a mal tourné et qui fréquente pas que du beau monde. Elle voit en Beth une alternative qui va permettre à Sarah de changer de vie et pouvoir se racheter auprès de sa famille. Elle décide donc d'usurper son identité. Elle s'introduit dans son appartement après lui avoir volé ses affaires, et détecte tous les outils qui vont lui permettre de se mettre dans sa peau: vidéos, photos, vêtements, objets, maquillage... Et c'est là que ça commence à être compliqué puisqu'elle va devoir incarner une image qu'elle ne peut totalement saisir et qu'elle ne peut connaître entièrement. Tatiana Maslany doit donc conserver toute la gestuelle de Sarah pour ensuite l'enfermer dans un corps sans cesse exposé aux regards. Car, manque de bol, Beth était enquêtrice et est jugée pour homicide involontaire lors de son service. Le moindre geste peut la trahir car les gens entourant Beth ont intégré inconsciemment sa façon de bouger, s'exprimer... Ils mettent donc peu de temps avant de comprendre qu'elle n'agit pas comme d'habitude. En tant que spectateur, on se met à la place de Sarah tout en ayant un point de vue objectif sur sa performance puisque l'on sait que ce n'est pas Beth face à nous. C'est donc aussi par l'interaction avec les autres personnages que Sarah va développer une interprétation du rôle de la défunte qui ne correspond pas forcément à la réalité. Et cela passe par des gestes totalement futiles comme par exemple la façon d'enfiler son holster ou de sortir son arme, ce qui va éveiller les soupçons de son coéquipier, Arthur.
Au fil des épisodes, Sarah évolue, et certainement grâce à Beth qui en plus de lui avoir fait comprendre les raisons pour lesquelles elle a mis fin à ses jours, lui a permis de mieux se connaître pour pouvoir appréhender ses origines, au sens propre comme au figuré. Car Tatiana Maslany arrive à représenter l'évolution de ce personnage en particulier, qui se traduit notamment lorsqu' elle retrouve sa fille, ce qui n'est pas un hasard. Après avoir sans cesse fuit, Sarah va reprendre les recherches de Beth, ce qui va l'amener à faire connaissance avec les autres clones et à devoir les incarner selon les situations qui se présentent à elle. Et lorsqu'elle doit être Alison, son exact contraire, cela nous offre un quiproquo jouissif.
Fini les tenues sombres et la rebelle attitude, faites place à Alison - la femme au foyer délurée - toute de rose bonbon vêtue. Si Alison était un personnage de Desperate Housewives, on y verrait que du feu. Mais contrairement à cette dernière, Orphan Black mélange différents genres, allant de la science-fiction au film policier passant par la comédie. Ce genre est clairement relié à la timeline d'Alison. Lorsqu'on la voit pour la première fois, on a l'impression de faire face à une caricature. Tatiana Maslany, totalement méconnaissable, utilise certains codes que l'on retrouve dans le personnage de Bree Van Der Kamp, interprété par Marcia Cross, pour se les réapproprier. Mère poule de deux enfants, elle tente de paraître toujours parfaite, au sein de sa petite banlieue digne de Wisteria Lane. On peut donc dire que contrairement aux autres, elle a déjà intégré le regard des autres sur elle, ce qui, on le verra après, n'est pas forcément une bonne chose. Tatiana Maslany l’interprète de façon à ce que l'on devine que le personnage dissimule sa véritable nature. Au début de la série, on la découvre droite comme un "I", essayant de camoufler cette histoire rocambolesque de clones derrière un faux sourire et des gestes trop maniérés. Ce chamboulement, dans sa vie si rondement menée jusque-là, se traduit par différents tics plus ou moins visibles: se gratter les cheveux, tirer sur sa doudoune pour qu'elle soit aussi droite que sa frange... Tout doit être sous contrôle. Quand elle est en présence d'autres personnages, elle les pousse souvent dans une direction afin qu'elle soit toujours maîtresse de la situation. Cette gestuelle se remarque d'autant plus lorsque Sarah, Cosima ou Helena doivent se mettre dans sa peau, ce qui crée un décalage comique savoureux. En effet, Alison est celle qui est la plus facile à cerner de toutes de ce point de vue-là. Mais au fil des épisodes, on se rend compte sous cette apparente maîtrise de soi, se cache une psychopathe. Elle multiplie, au fil des saisons, les pétages de câble. Je vous laisse en découvrir quelques-uns en vidéo...
Petit à petit, on découvre la véritable personnalité d'Alison et on sent que Tatiana Maslany s'éclate à l'interpréter. Ce qui est drôle, c'est que cette dernière est la seule à prendre des cours de théâtre et de chant. Elle n'est d'ailleurs pas très bonne dans ce domaine. On peut aussi remarquer dans un extrait de la vidéo ci-dessus que même la fille de Sarah n'est pas dupe lorsqu'elle doit jouer sa mère, Sarah. Mais parmi les clones, ce n'est pas elle qui a le plus de mal à interpréter une de ses sestras¹...
Vous pensiez qu'Alison était la plus folle de la série ? Détrompez-vous car voici venir un des personnages le plus inédit et le plus complexe d'Orphan Black: Helena - la tueuse ukrainienne. Pourquoi "inédit" ? Car de tous les films ou séries que j'ai pu voir, je n'ai jamais vu un personnage pareil, même si les tueuses avec un accent à couper au couteau sont assez faciles à trouver. Helena a donc vécu en Europe de l'est dans un couvent où on l'a maltraité et entraîné à devenir une assassine hors pair. C'est la seule à être déchirée entre l'aspect scientifique et religieux de la série. En résumé, elle est albinos, se scarifie le dos et aime les enfants. Si si. Ce qui est intéressant dans ce personnage, c'est qu'il y a à la fois une part d'innocence, que Tatiana Maslany arrive à insuffler de différentes manières, et une part animale qu'elle a développée au cours de sa vie qui a dû être très mouvementée. C'est à travers Helena qu'on saisit bien ce qui est de l'ordre de l'inné et de l'acquis. D'ailleurs, on peut vite faire le parallèle avec Victor, l'enfant sauvage, qui a réellement vécu dans la forêt jusqu'à ses 8 ans. Helena est une enfant sauvage et ces deux facettes ne vont jamais cesser de rentrer en collision. Helena va tout le temps passer de tueuse à gages sans pitié, à une enfant sans défense. Concrètement, Helena a un comportement anarchique, désordonné, imprévisible tout le contraire d'Alison en fait. Cela se traduit par des gestes totalement aléatoires, à la fois brutaux ou, au contraire, lents, doux, comme un animal prêt à bondir sur sa proie. Parallèlement, elle reste enfantine, comme si elle ne comprenait pas ce qui se passait autour d'elle. Elle penche souvent la tête, les yeux écarquillés, avec de la nourriture dans la bouche, car oui, elle mange tout le temps. Presque autant que Brad Pitt dans chacun de ses films. Cette manière compulsive de manger démontre aux spectateurs sa malnutrition lors de sa vie passée en Ukraine. Elle comprend donc assez vite qu'une vie auprès de gens qui lui veulent du bien a bien plus d'avantages que d'inconvénients, même si ces démons refont surface de temps en temps. C'est pour cela que Sarah tente, entre guillemets, de l'éduquer, même si elle n'est pas elle-même un modèle exemplaire.
En résumé, Helena apporte un côté creepy mais attendrissant à la fois. C'est à travers ce personnage que je me suis demandée si elle était bien jouée par la même personne que celle qui interprète Sarah ou Alison. Le choc a été assez brutal pour moi. Sur ce, je vous laisse avec cette photo d'Helena tâchant de jouer Alison. Elle parle d'elle-même.
Passons à Cosima - La scientifique romantique. Bizarrement, c'est elle qui est la plus populaire auprès des fans, chose que je ne peux pas vraiment expliquer. Certes, elle est sympathique, passionnée de science et de Delphine Cormier, sa partenaire française (vive la France !), mais pour moi, c'est celle qui est la moins intéressante. Elle reste assez lisse tout le long de la série et n'évolue qu'à travers son histoire d'amour qui rentre en conflit avec son travail. Physiquement, c'est la plus baba cool des clones avec ses cheveux tressés, son style décontracté, ses lunettes et son liner qui transforme réellement le visage de Tatiana Maslany. Comme je vous le disais auparavant, le moindre coup de crayon peut avoir un effet spectaculaire sur la manière dont on voit un personnage, et ça marche remarquablement bien pour celui de Cosima. L'actrice fait tout pour la rendre attachante: elle sourit tout le temps, fait des blagues, et bouge beaucoup ses mains lorsqu'elle est en train de parler de quelque chose qui la passionne. Bref, c'est la bonne copine geek que tout le monde voudrait avoir. Il y a une seule fois où elle a dû incarner un autre clone, et cela n'a pas été concluant. Au final, elle n'est pas une fille de terrain, contrairement à Sarah ou Helena, mais plus dans la recherche, en train de jouer avec un crayon devant son écran d'ordinateur.
Cosima sert donc à introduire l'aspect purement scientifique, donc la partie la moins compréhensible pour tous les littéraires de la planète, mais aussi le côté romantique dont toute bonne série a besoin. Elle reste donc le personnage le plus charmant et le plus positif, même si sa vie n'est pas toujours rose...ce qui n'est pas le cas du prochain...
Rachel - la patronne psychorigide - est le clone le plus antipathique d'Orphan Black. Cette photo la représente bien: toujours en tailleur, les cheveux au carré, le visage hautain et fermé, on est bien devant celle qui dirige le Dyad Institute, l'entreprise étant à l'origine de leur clonage. Contrairement aux autres clones, elle a vécu auprès de leur créateur en connaissant la vérité sur ses origines, ce qui, dans son esprit, a eu pour effet de la complaire dans son statut de clone n°1. Il me semble même qu'elle croit être le clone original, comme Helena le croyait au début de la série. Tout cela est donc traduit dans son comportement auprès des autres dirigeants de l'entreprise. Elle cherche sans cesse à légitimer sa position, non en tant que sujet d'expérience, mais en tant que supérieur hiérarchique. Mais elle a aussi des failles, puisqu'elle est en constante recherche de l'amour de ses parents adoptifs qui seraient - a priori - morts dans un incendie. Secrètement, elle envie Sarah qui a pu être mère alors que les autres clones sont stériles. Les réponses à cette énigme l'obsèdent et la poussent donc à prendre de mauvaises décisions et faire des choses horribles. Là où Alison échoue à garder tout sous son contrôle, Rachel y parvient quasiment tout le temps, et ce en dissimulant ses réelles émotions derrière une personnalité froide et une voix dénuée d'intonations, quasi-robotique. Les seuls moments où elle craque sont lorsqu'elle visionne des films de son enfance. On comprend donc que ce comportement n'est qu'une façade et la rend donc, par la même occasion, plus humaine et complexe auprès des spectateurs.
La série permet donc de les comparer les personnages pour ainsi mieux identifier ce qui les rapproche ou ce qui les différencie, ce qui à la fois les complexifie et les nourrit. Si Rachel nous paraît si froide, c'est que l'on a découvert Cosima avant. Et inversement.
En définitive, Tatiana Maslany incarne à merveille les différentes caractéristiques de chaque clone, à un tel point qu'il est de plus en plus compliqué, pour ma part en tout cas, de croire qu'il n'y a qu'une seule actrice jouant neuf rôles distincts. Je suis rarement sensible au jeu d'un acteur, du moins je ne m'y penche pas plus que ça lorsque je regarde une série ou un film. Mais Orphan Black a su montrer que jouer la comédie est un art qui n'est pas à la portée de tout le monde. Le travail de Tatiana Maslany sur l'accent, la posture et la gestuelle sont toujours juste, finement exécuté malgré la difficulté évidente de jouer plusieurs personnages qui se trouvent parfois dans la même scène ! Pour que vous voyez un peu comment ça se passe, je vous invite à regarder cette vidéo.
Tatiana Maslany a du talent, certes, mais elle est aussi beaucoup aidée. L'actrice le dit elle-même: tout le travail de maquillage et de costume en amont l'aide à se mettre dans leur peau, à retrouver les petits tics qu'elle a créés. Et s'il y a bien une série dans laquelle on se rend bien compte de l'importance de ce travail, c'est bien celle-ci. Car l'un des enjeux majeurs durant la production a été de créer des clones bien distincts tout en conservant un lien quasi familial entre eux. De plus, cela a permis de poser des bases solides afin que le spectateur comprenne en un clin d’œil l'origine et le contexte dans lequel chacun a évolué avant le début de l'histoire. On pourrait donc voir Orphan Black comme une mise en abyme du travail de l'acteur: comment ce dernier arrive à traduire les caractéristiques socio-culturelles en gestes, accents, postures à partir d'éléments extérieurs et ainsi jouer avec ces codes. Mais la série ne s'arrête pas là puisque certains clones vont être amenés, au fil des saisons, à incarner d'autres clones...
Voici donc quelques éléments que j'ai pu remarquer chez les clones principaux: Sarah Manning, Alison Hendrix, Cosima Niehaus, Helena, et Rachel Duncan.
Au fil des épisodes, Sarah évolue, et certainement grâce à Beth qui en plus de lui avoir fait comprendre les raisons pour lesquelles elle a mis fin à ses jours, lui a permis de mieux se connaître pour pouvoir appréhender ses origines, au sens propre comme au figuré. Car Tatiana Maslany arrive à représenter l'évolution de ce personnage en particulier, qui se traduit notamment lorsqu' elle retrouve sa fille, ce qui n'est pas un hasard. Après avoir sans cesse fuit, Sarah va reprendre les recherches de Beth, ce qui va l'amener à faire connaissance avec les autres clones et à devoir les incarner selon les situations qui se présentent à elle. Et lorsqu'elle doit être Alison, son exact contraire, cela nous offre un quiproquo jouissif.
Fini les tenues sombres et la rebelle attitude, faites place à Alison - la femme au foyer délurée - toute de rose bonbon vêtue. Si Alison était un personnage de Desperate Housewives, on y verrait que du feu. Mais contrairement à cette dernière, Orphan Black mélange différents genres, allant de la science-fiction au film policier passant par la comédie. Ce genre est clairement relié à la timeline d'Alison. Lorsqu'on la voit pour la première fois, on a l'impression de faire face à une caricature. Tatiana Maslany, totalement méconnaissable, utilise certains codes que l'on retrouve dans le personnage de Bree Van Der Kamp, interprété par Marcia Cross, pour se les réapproprier. Mère poule de deux enfants, elle tente de paraître toujours parfaite, au sein de sa petite banlieue digne de Wisteria Lane. On peut donc dire que contrairement aux autres, elle a déjà intégré le regard des autres sur elle, ce qui, on le verra après, n'est pas forcément une bonne chose. Tatiana Maslany l’interprète de façon à ce que l'on devine que le personnage dissimule sa véritable nature. Au début de la série, on la découvre droite comme un "I", essayant de camoufler cette histoire rocambolesque de clones derrière un faux sourire et des gestes trop maniérés. Ce chamboulement, dans sa vie si rondement menée jusque-là, se traduit par différents tics plus ou moins visibles: se gratter les cheveux, tirer sur sa doudoune pour qu'elle soit aussi droite que sa frange... Tout doit être sous contrôle. Quand elle est en présence d'autres personnages, elle les pousse souvent dans une direction afin qu'elle soit toujours maîtresse de la situation. Cette gestuelle se remarque d'autant plus lorsque Sarah, Cosima ou Helena doivent se mettre dans sa peau, ce qui crée un décalage comique savoureux. En effet, Alison est celle qui est la plus facile à cerner de toutes de ce point de vue-là. Mais au fil des épisodes, on se rend compte sous cette apparente maîtrise de soi, se cache une psychopathe. Elle multiplie, au fil des saisons, les pétages de câble. Je vous laisse en découvrir quelques-uns en vidéo...
Petit à petit, on découvre la véritable personnalité d'Alison et on sent que Tatiana Maslany s'éclate à l'interpréter. Ce qui est drôle, c'est que cette dernière est la seule à prendre des cours de théâtre et de chant. Elle n'est d'ailleurs pas très bonne dans ce domaine. On peut aussi remarquer dans un extrait de la vidéo ci-dessus que même la fille de Sarah n'est pas dupe lorsqu'elle doit jouer sa mère, Sarah. Mais parmi les clones, ce n'est pas elle qui a le plus de mal à interpréter une de ses sestras¹...
Vous pensiez qu'Alison était la plus folle de la série ? Détrompez-vous car voici venir un des personnages le plus inédit et le plus complexe d'Orphan Black: Helena - la tueuse ukrainienne. Pourquoi "inédit" ? Car de tous les films ou séries que j'ai pu voir, je n'ai jamais vu un personnage pareil, même si les tueuses avec un accent à couper au couteau sont assez faciles à trouver. Helena a donc vécu en Europe de l'est dans un couvent où on l'a maltraité et entraîné à devenir une assassine hors pair. C'est la seule à être déchirée entre l'aspect scientifique et religieux de la série. En résumé, elle est albinos, se scarifie le dos et aime les enfants. Si si. Ce qui est intéressant dans ce personnage, c'est qu'il y a à la fois une part d'innocence, que Tatiana Maslany arrive à insuffler de différentes manières, et une part animale qu'elle a développée au cours de sa vie qui a dû être très mouvementée. C'est à travers Helena qu'on saisit bien ce qui est de l'ordre de l'inné et de l'acquis. D'ailleurs, on peut vite faire le parallèle avec Victor, l'enfant sauvage, qui a réellement vécu dans la forêt jusqu'à ses 8 ans. Helena est une enfant sauvage et ces deux facettes ne vont jamais cesser de rentrer en collision. Helena va tout le temps passer de tueuse à gages sans pitié, à une enfant sans défense. Concrètement, Helena a un comportement anarchique, désordonné, imprévisible tout le contraire d'Alison en fait. Cela se traduit par des gestes totalement aléatoires, à la fois brutaux ou, au contraire, lents, doux, comme un animal prêt à bondir sur sa proie. Parallèlement, elle reste enfantine, comme si elle ne comprenait pas ce qui se passait autour d'elle. Elle penche souvent la tête, les yeux écarquillés, avec de la nourriture dans la bouche, car oui, elle mange tout le temps. Presque autant que Brad Pitt dans chacun de ses films. Cette manière compulsive de manger démontre aux spectateurs sa malnutrition lors de sa vie passée en Ukraine. Elle comprend donc assez vite qu'une vie auprès de gens qui lui veulent du bien a bien plus d'avantages que d'inconvénients, même si ces démons refont surface de temps en temps. C'est pour cela que Sarah tente, entre guillemets, de l'éduquer, même si elle n'est pas elle-même un modèle exemplaire.
En résumé, Helena apporte un côté creepy mais attendrissant à la fois. C'est à travers ce personnage que je me suis demandée si elle était bien jouée par la même personne que celle qui interprète Sarah ou Alison. Le choc a été assez brutal pour moi. Sur ce, je vous laisse avec cette photo d'Helena tâchant de jouer Alison. Elle parle d'elle-même.
Passons à Cosima - La scientifique romantique. Bizarrement, c'est elle qui est la plus populaire auprès des fans, chose que je ne peux pas vraiment expliquer. Certes, elle est sympathique, passionnée de science et de Delphine Cormier, sa partenaire française (vive la France !), mais pour moi, c'est celle qui est la moins intéressante. Elle reste assez lisse tout le long de la série et n'évolue qu'à travers son histoire d'amour qui rentre en conflit avec son travail. Physiquement, c'est la plus baba cool des clones avec ses cheveux tressés, son style décontracté, ses lunettes et son liner qui transforme réellement le visage de Tatiana Maslany. Comme je vous le disais auparavant, le moindre coup de crayon peut avoir un effet spectaculaire sur la manière dont on voit un personnage, et ça marche remarquablement bien pour celui de Cosima. L'actrice fait tout pour la rendre attachante: elle sourit tout le temps, fait des blagues, et bouge beaucoup ses mains lorsqu'elle est en train de parler de quelque chose qui la passionne. Bref, c'est la bonne copine geek que tout le monde voudrait avoir. Il y a une seule fois où elle a dû incarner un autre clone, et cela n'a pas été concluant. Au final, elle n'est pas une fille de terrain, contrairement à Sarah ou Helena, mais plus dans la recherche, en train de jouer avec un crayon devant son écran d'ordinateur.
Cosima sert donc à introduire l'aspect purement scientifique, donc la partie la moins compréhensible pour tous les littéraires de la planète, mais aussi le côté romantique dont toute bonne série a besoin. Elle reste donc le personnage le plus charmant et le plus positif, même si sa vie n'est pas toujours rose...ce qui n'est pas le cas du prochain...
Rachel - la patronne psychorigide - est le clone le plus antipathique d'Orphan Black. Cette photo la représente bien: toujours en tailleur, les cheveux au carré, le visage hautain et fermé, on est bien devant celle qui dirige le Dyad Institute, l'entreprise étant à l'origine de leur clonage. Contrairement aux autres clones, elle a vécu auprès de leur créateur en connaissant la vérité sur ses origines, ce qui, dans son esprit, a eu pour effet de la complaire dans son statut de clone n°1. Il me semble même qu'elle croit être le clone original, comme Helena le croyait au début de la série. Tout cela est donc traduit dans son comportement auprès des autres dirigeants de l'entreprise. Elle cherche sans cesse à légitimer sa position, non en tant que sujet d'expérience, mais en tant que supérieur hiérarchique. Mais elle a aussi des failles, puisqu'elle est en constante recherche de l'amour de ses parents adoptifs qui seraient - a priori - morts dans un incendie. Secrètement, elle envie Sarah qui a pu être mère alors que les autres clones sont stériles. Les réponses à cette énigme l'obsèdent et la poussent donc à prendre de mauvaises décisions et faire des choses horribles. Là où Alison échoue à garder tout sous son contrôle, Rachel y parvient quasiment tout le temps, et ce en dissimulant ses réelles émotions derrière une personnalité froide et une voix dénuée d'intonations, quasi-robotique. Les seuls moments où elle craque sont lorsqu'elle visionne des films de son enfance. On comprend donc que ce comportement n'est qu'une façade et la rend donc, par la même occasion, plus humaine et complexe auprès des spectateurs.
La série permet donc de les comparer les personnages pour ainsi mieux identifier ce qui les rapproche ou ce qui les différencie, ce qui à la fois les complexifie et les nourrit. Si Rachel nous paraît si froide, c'est que l'on a découvert Cosima avant. Et inversement.
En définitive, Tatiana Maslany incarne à merveille les différentes caractéristiques de chaque clone, à un tel point qu'il est de plus en plus compliqué, pour ma part en tout cas, de croire qu'il n'y a qu'une seule actrice jouant neuf rôles distincts. Je suis rarement sensible au jeu d'un acteur, du moins je ne m'y penche pas plus que ça lorsque je regarde une série ou un film. Mais Orphan Black a su montrer que jouer la comédie est un art qui n'est pas à la portée de tout le monde. Le travail de Tatiana Maslany sur l'accent, la posture et la gestuelle sont toujours juste, finement exécuté malgré la difficulté évidente de jouer plusieurs personnages qui se trouvent parfois dans la même scène ! Pour que vous voyez un peu comment ça se passe, je vous invite à regarder cette vidéo.
Elle a vraiment une palette de jeu diversifiée, passant aisément d'un accent russe à un accent allemand ou anglais parfait, d'une tueuse illuminée à une femme au foyer bien sous tous rapports ou à un transsexuel macho (oui, ça aussi elle sait faire !), etc etc. Tatiana Maslany a un talent tellement exceptionnel que beaucoup ont fait une pétition pour qu'elle ait une catégorie rien que pour elle aux Emmy Awards. Et je les comprends ! Sur ce, je vous quitte sur une dernière vidéo en compagnie de notre chère Alison, accompagné de son mari Donnie !
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